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Le gouvernement israélien veut redéfinir qui est juif

published mars 1, 2023
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Shutterstock/Alexey Stiop


Lorsque je suis devenu citoyen israélien il y a plus de 50 ans, il n'y avait qu'une poignée de Juifs israéliens croyant en Yeshua. Je n'ai personnellement connu que deux couples messianiques dans les années 1960 ; tous deux étaient des immigrants juifs, l'un d'Europe, l'autre de Tunisie. Leurs enfants sont devenus parmi les tout premiers Juifs messianiques sabra (nés en Israël) du jeune État d'Israël.

Comme je l'ai mentionné le mois dernier, juste avant mon arrivée en Israël en 1967, le monde a été témoin d'un retournement de situation stupéfiant : Israël a été attaqué par cinq pays arabes, persuadés qu'ils détruiraient complètement l'État naissant. Mais, par l'un des plus grands miracles de notre époque, Israël a repoussé les nations arabes en six jours et a repris Jérusalem, la Judée-Samarie, le plateau du Golan, Gaza et le désert du Sinaï – des terres que Dieu avait promises à Israël pour toujours. 1 On ignore quelle partie du désert du Sinaï a été promise à Israël par Dieu. Les Écritures affirment que ce territoire désertique appartient à Israël jusqu'au « Wadi d'Égypte ». Josué 15:47 (Dieu a encore promis à Israël d'autres terres, mais elles n'ont pas encore été rendues à son peuple.)

Dans la réalité, il n'est pas rare d'assister à une percée pour Israël, conjuguée à une percée spirituelle ailleurs dans le monde. Effectivement, à cette même époque, un événement merveilleux se produisit. Une vague du Saint-Esprit de Dieu souffla sur la jeunesse de nombreux pays. Cette période historique fut surnommée le Mouvement de Jésus. Des centaines de milliers de personnes en vinrent à croire que Yeshua les avait sauvés de leurs péchés et leur avait donné la vie éternelle. Parmi cette multitude, de nombreux Juifs dont la vie fut bouleversée de fond en comble devinrent de fervents croyants en Yeshua. Certains commencèrent alors à se tourner vers leur patrie ancestrale.

Les Juifs messianiques arrêtés aux frontières d'Israël

Il n'a pas fallu longtemps aux autorités religieuses israéliennes pour comprendre la situation et agir. Lorsque notre ministère de l'Intérieur a eu vent qu'un Juif messianique demandait la citoyenneté, sa demande a été immédiatement rejetée. Peu importait que les autres candidats à l'Aliyah (immigration en Israël) soient bouddhistes, hindis, athées ou wiccans pratiquants. Le gouvernement israélien cherchait uniquement à exclure les Juifs qui croyaient en Yeshua.

Les survivants juifs du camp de concentration de Buchenwald arrivent à Haïfa et sont arrêtés par les Britanniques (To the Promised Land par Uri Dan)

Mais de nombreux croyants juifs se sont infiltrés en Israël sans que les autorités ultra-orthodoxes ne les repèrent. La Loi du Retour d'Israël pour les nouveaux immigrants étant généralement favorable aux croyants juifs, pendant des années, Maoz Israël Ministries a aidé des centaines de messianiques et leurs familles à obtenir la citoyenneté en leur fournissant des conseils et une aide financière. Nombre d'entre eux sont aujourd'hui des leaders messianiques dans le pays.

L'un des premiers couples que nous avons aidés à immigrer était issu du Mouvement de Jésus. Ils nous ont rendu visite pour découvrir le paysage local. Cependant, comme ils comptaient parmi les messianiques les plus connus au monde, ils craignaient vivement que le gouvernement ne leur ferme la porte.

Nous les avons encouragés, bien sûr, avec la Parole de Dieu qui promettait le retour de son peuple sur la terre. Et, effectivement, le processus d'Aliyah s'est déroulé sans heurts pour cette famille qui a eu une influence considérable sur l'ensemble du Corps messianique, ici et dans le monde entier.

On estime aujourd'hui à 30 000 le nombre de Juifs messianiques en Israël, dont beaucoup sont déjà de deuxième ou troisième génération. Sans surprise, ils ont acquis la réputation d'être parmi les meilleurs citoyens d'Israël, tant dans la vie militaire que civile. Aujourd'hui, notre nation sait ce qu'est un Juif messianique, même si elle ne le comprend pas encore pleinement.

De retour des coins de la Terre

Lorsque le premier Premier ministre, David Ben Gourion, proclama Israël État en 1948, 650 000 Juifs avaient trouvé refuge en Terre sainte aride (alors appelée « Palestine ») sous domination britannique. Trois ans après la création d'Israël, la population doubla presque. La plupart étaient des survivants de l'Holocauste.

Les nations musulmanes environnantes étaient furieuses de la création d'une nation juive. Leur colère s'est abattue sur les Juifs qui vivaient parmi elles depuis des siècles. Ironiquement, ces hostilités ont entraîné une augmentation significative de la population d'Israël : quelque 600 000 Juifs du Moyen-Orient ont fui Israël pour se mettre en sécurité, contraints de quitter leurs foyers et leurs biens partout au Moyen-Orient.

Photo de l'intérieur de l'avion envoyé pour sauver les Juifs éthiopiens du Soudan dans le cadre d'une mission d'infiltration israélienne (Bureau de presse du gouvernement)

À la recherche des tribus perdues

Durant les premières années de l'État, l'existence d'une importante communauté éthiopienne de Juifs pratiquants n'était tout simplement pas prise en compte par Israël. Bien qu'ils chantaient la Jérusalem mythique, les Juifs éthiopiens vivaient dans des régions si isolées qu'ils ignoraient tout autant leur existence ailleurs. Cependant, quelques Juifs éthiopiens commencèrent à arriver discrètement en Israël, munis de preuves solides attestant de leur observance des traditions juives anciennes, clairement tirées de la Bible.

Puis, « sans prévenir », le gouvernement israélien a reçu une lettre du Soudan, entre autres, annonçant que des masses de Juifs avaient fui l'Éthiopie à cause de la famine et des persécutions. Ils avaient marché jusqu'au Soudan. Certains ont même marché jusqu'en Israël. Plusieurs milliers d'entre eux étaient morts en chemin.

Le Mossad et Tsahal ont uni leurs forces pour mener une série de missions de sauvetage secrètes et extrêmement dangereuses, conduisant des milliers de ces Juifs, dans l'obscurité de la nuit, vers des avions dissimulés stationnés dans le désert. Au milieu des années 1980, l'« Opération Moïse » a permis de faire sortir 8 000 Juifs éthiopiens des camps de réfugiés du Soudan et de les faire venir en Israël.

Tout cela était gardé secret, même pour la plupart des Israéliens. Un soir, alors que j'étais chez un voisin, l'affaire a fait l'effet d'une bombe. Quand j'ai sonné à la porte, on m'a crié : « Entrez ! Entrez ! Regardez ce qui se passe ! » Ils étaient tous rivés à la télévision. Sur l'écran, on aurait dit un film de Moïse traversant la mer Rouge. À perte de vue, une foule interminable de milliers d'Éthiopiens en blouse blanche débarquaient de leur avion israélien, enfants et animaux dans les bras.

Selon le dernier recensement, 95 000 Juifs éthiopiens ont été secourus, et plus de 150 000 vivent aujourd'hui en Israël. Nombre d'entre eux croyaient et croient encore en Yeshoua le Messie.

À partir de 1990, alors que l'Union soviétique s'effondrait, un tsunami de Juifs russes a fui vers Israël. Au cours des années suivantes, plus de 900 000 Juifs soviétiques hautement qualifiés ont afflué vers la Terre promise, stimulant considérablement l'industrie, la technologie et l'économie de l'État. En raison du gouvernement despotique et athée de l'ex-Union soviétique, qui interdisait toute religion, de nombreux citoyens juifs de ce pays méconnaissaient leur héritage juif et étaient mariés à des non-Juifs. Ainsi, si leur intégration dans la culture israélienne est considérée comme une réussite exceptionnelle, pour la communauté ultra-religieuse d'Israël, leur manque d'affinité avec le mode de vie juif rabbinique était perçu comme préjudiciable à l'État juif. 2 Vous pouvez en apprendre davantage sur ces vagues d'immigration durant nos années pionnières dans la série « Comment tout a commencé » sur maozisrael.org/began

Les familles religieuses en Israël ont en moyenne plus de deux fois plus d'enfants que la population active laïque (Cezary Wojtkowski / Shutterstock)

Bataille de la natalité

Alors que la part des ultra-orthodoxes dans la population a constamment augmenté, ils ont exprimé avec plus de force leur vision de voir Israël devenir un État religieux (théocratie) plutôt qu'un État démocratique laïc comme c'est le cas aujourd'hui. Leur stratégie principale semble être de provoquer ce changement par la simple augmentation de la population, qui se traduit par un pouvoir électoral accru. Selon le ministre de l'Éducation, jusqu'à 40 % des enfants sont aujourd'hui scolarisés dans des écoles haredi ou religieuses.

L'impact démographique spectaculaire est dû à l'attrait des Juifs laïcs pour leur version rabbinique du judaïsme (qui inclut un mode de vie subventionné par l'État), conjugué au taux de natalité élevé des familles religieuses (plus de six enfants par famille). Les familles laïques, qui doivent consacrer près de la moitié de leur salaire aux impôts, n'oseront avoir que deux ou trois enfants.

Actuellement, 50 % des hommes ultra-orthodoxes ne travaillent pas. Ils déclarent que l'étude des écrits rabbiniques dans les yéchivot est leur « métier » et leur service à la nation. Ils dépendent donc d'importantes allocations provenant des impôts de la population active : plus ils ont d'enfants, plus leur allocation est élevée. La plupart refusent d'effectuer le service national obligatoire ou l'armée (ceux qui osent servir sont rejetés et humiliés au sein de leur communauté).

On estime que d'ici 2050, un Israélien juif sur trois sera ultra-orthodoxe. 3 Times of Israel, 23 novembre 2021. Si le nombre de Haredim (ultra-orthodoxes) continue de croître aussi rapidement qu'aujourd'hui, l'économie du pays implosera. C'est un calcul simple.

Le Wild Card

Si les Juifs religieux dominent les statistiques de natalité, l'immigration est une inconnue. Que se passerait-il si des milliers, voire des dizaines de milliers, de Juifs fuyaient les persécutions ou les catastrophes d'autres nations pour se diriger vers Israël, comme cela s'est produit par le passé ? Chaque vague constituerait un revers pour la vision des partis Haredi de créer une théocratie rabbinique.

Les statistiques suggèrent que, depuis des années, les responsables religieux au pouvoir s'efforcent de freiner le retour des Juifs non-haredim dans leur pays d'origine. C'est pourquoi le contrôle du ministère de l'Intérieur a toujours été un poste convoité par les partis ultra-religieux au sein d'une coalition. Pour illustrer l'influence de cette position, bien que la plupart des Juifs américains ne soient pas très religieux, 75 % des personnes autorisées à immigrer en Israël en 2021 étaient Haredim.

Les partis politiques religieux israéliens expriment depuis longtemps leur inquiétude face au nombre déjà trop important d'immigrants qui ne correspondent pas à la définition halakhique (rabbinique) de « juif ». Le gouvernement actuel cherche donc à redéfinir officiellement la notion de « juif » et ainsi à modifier l'une des raisons d'être les plus fondamentales d'Israël : la loi du retour.

Aux débuts de l'État d'Israël, tous les Juifs bénéficiaient automatiquement de la citoyenneté israélienne, à condition d'avoir un grand-parent juif. Cette norme semblait moralement juste, car c'était celle qu'Hitler avait utilisée pour identifier et tuer les Juifs. Si cette « clause des petits-enfants » était modifiée pour n'inclure que les enfants de première génération de Juifs, quelque 3 millions de personnes ne seraient pas suffisamment juives pour immigrer en Israël.

Afin d'encourager un flux continu d'immigration, des dizaines de milliers de jeunes Juifs sont recrutés chaque année pour visiter Israël. Le panneau cite le passage biblique Jérémie 31:17 : « …et vos enfants retourneront à leurs frontières. » (Wikipédia).

Crise existentielle

Chaque année, les programmes « Connect-with-Israel » permettent à des adolescents juifs, notamment russes, de découvrir Israël. Birthright attire environ 50 000 visiteurs par an en Israël. Nombre d'entre eux rejoignent finalement les Forces de défense israéliennes et restent en Israël. En vertu de la nouvelle loi, les adolescents ne pouvant justifier que d'un seul grand-parent juif ne pourront plus bénéficier de ces programmes.

Comme nous l'avons déjà mentionné, aucun parti politique ni groupe de partis ne pourra sauver Israël. Chrétiens et Juifs messianiques sont appelés devant le Seigneur à prier pour que ses promesses et sa volonté s'accomplissent sur terre comme au ciel. Nous prions donc pour que les dirigeants d'Israël laissent les portes grandes ouvertes aux descendants d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, qui reviennent des quatre coins du monde. Car c'est ici, sur cette terre, qu'il a promis de les sauver ! Et à quoi ressemblera votre monde lorsqu'Israël aura une lumière pour éclairer les nations ?

Plus d’informations à ce sujet dans le dernier article le mois prochain !

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Shira Sorko-Ram

Shira vit en Israël depuis 1967. Elle a travaillé comme réalisatrice et productrice de films documentaires. « Dry Bones », un film sur la signification prophétique de la renaissance d'Israël, a été salué dans le monde entier et a été vu par Golda Meir. Shira a écrit pour de nombreuses publications sur le mouvement juif messianique et le rôle des chrétiens dans la résurrection spirituelle d'Israël. Pendant quarante-quatre ans, elle a publié le mensuel MAOZ ISRAEL REPORT, qui offre une perspective prophétique, politique et spirituelle de l'actualité en Israël. Shira et son mari, Ari, ont cofondé Maoz Israel Ministries, qu'ils ont dirigé pendant plus de quarante ans. Durant cette période, ils ont fondé plusieurs congrégations juives messianiques dans la région de Tel-Aviv, parrainé des conférences nationales pour les croyants israéliens et créé un fonds humanitaire, IstandwithIsrael. Ils ont publié des ouvrages célèbres en hébreu, encouragé et parrainé des Juifs nés de nouveau de retour en Israël, aidé des immigrants à créer de petites entreprises, soutenu des dirigeants arabes animés par l'évangélisation et Israël, et contribué à la lutte pour les droits civiques des croyants juifs en Yeshua (Jésus) en terre d'Israël. En janvier 2021, ils ont transmis la direction de Maoz à Kobi et Shani Ferguson, leur gendre et leur fille. Ari et Shira résident à Ramat Ha-Sharon. Ils ont deux enfants sabra (nés en Israël) et six petits-enfants.

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